6 mai 2018
Bago (parfois orthographié Pégou) est une petite ville de 500 000 habitants. Elle fut l’une des trois capitales du royaume des Môns, une ancienne civilisation à l’origine de l’influence indienne aujourd’hui omniprésente dans tout le pays.
Aujourd’hui, Bago est surtout réputée pour ses nombreux temples, pagodes et monastères. On a passé une journée à les parcourir en vélo.
Voici la vidéo de notre étape aux temples de Bago
Le trajet en train de Yangon à Bago
Après Yangon, nous prenons un train qui durera 2 heures pour couvrir les quelques 80 kilomètres qui séparent ces deux villes.
Et nous ferons ça à l’ancienne ! Au guichet de vente derrière une grille, un petit monsieur passe 5 minutes à faire des allers-retours et griffonner sur des petits bouts de papier avant de nous les tendre : nous avons nos billets en mains.
Dans la gare de Yangon, nous tombons sur des écriteaux bleus avec écrit dessus « warmly welcome & take care of tourists« . Comme un message pour inciter les locaux à venir en aide aux touristes perdus dans la gare ferroviaire : sympa !
Le Centre des Plaintes… C’est pas pire que le service SNCF en fait
Allez, c’est parti, on grimpe dans le train !
Le trajet en train est super sympa et nous nous mêlons avec les locaux qui nous offrent des petits biscuits.
En descendant du train, nous tombons sur un match de Sepak : le sport typique d’Asie du Sud-Est où deux équipes s’affrontent séparées par un filet type badminton et jouent en utilisant un ballon tressé en osier. Les joueurs ne peuvent pas utiliser les mains, ce qui donne droit à d’impressionnantes figues de smash retourné en salto arrière avec le pied au dessus du filet.
Ce jeu porte différents noms, et ici au Myanmar, il est appelé « chinlon ».
Et on a de la chance, ce jour là, il y avait d’excellents joueurs et on a eu droit à de belles figures acrobatiques
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Infos pratiques :
Train Yangon-Bago : 600 kyats/personne (soit 40 cts ! ) pour 2h de trajet (80 km)
Une journée aux temples de Bago
En mettant le pied à Bago, nous nous apprêtons à passer une grosse journée à visiter des temples et des pagodes. La ville est aussi connue pour abriter les plus belles images de Bouddhas.
Pour visiter les environs, nous avons le choix entre tuk-tuk, moto avec guide ou vélos. Nous choisissons de louer des vélos à notre Guest House, pour plus de liberté. Mais William est toujours aussi malchanceux avec les vélos, et sa pédale tombe déjà en miettes (cf notre visite des temples d’Angkor au Cambodge en vélo).
Mais c’est pas grave, on y va quand même !
Au premier arrêt, nous déboursons 10 000 kyats par personne (environ 6.3 €) pour payer les frais d’entrée aux principaux sites, valable sur la journée.
Visite du Monastère Kha Khat Wain Kyaung : où il serait possible d’errer parmi les nombreux bâtiment du monastère, et croiser au hasard le passage de l’un des 500 moines vivant ici. On nous avait conseillé de visiter ce monastère soit durant les heures de méditation, soit durant l’heure du repas. Mais nous n’avons pas voulu voir le repas : cela nous semblait bizarre de visiter et regarder les gens manger…
Visite du Temple au Serpent (Snake Pagoda) : la légende raconte qu’un vénérable moine aurait rêvé que ce python était la réincarnation d’un Nat (esprit). Une autre légende stipule que le reptile serait la réincarnation du moine lui-même. Quoiqu’il en soit, cet énorme serpent de plus de 5 mètres vit toujours tranquillement dans le monastère… en toute liberté (bon, en vrai, il a l’air de rester dans la salle qui lui est dédiée) ! Nous l’avons vu dans le coin d’une des salles, tranquillement installé le long d’un mur avec des oreillers tout autour de lui, et quelques billets qui reposaient sur son corps : sûrement des gens qui lui ont lancé des billets par superstition. Le serpent est très impressionnant ! Mais on a quand même quelques doutes sur l’âge de ce python, qui serait apparemment âgé de 125 ans !
Comme depuis le début de notre séjour au Myanmar, Claire aux cheveux blonds se fait tirer le portrait toutes les 30 minutes par les locaux, qui apparemment n’ont pas l’habitude de croiser des touristes, et encore moins des cheveux clairs ! On ne sait pas trop si cette manie de se faire tirer le portrait aux côtés d’un étranger blond s’explique par l’excitation des birmans à voir un étranger blond, ou s’il n’y a pas derrière tout ça une croyance comme quoi ça porte bonheur… Cette fois-ci, c’est la famille entière qui passe devant l’objectif, pendant que la maman toute contente prend Claire par la main.
La Pagode Shwemawdaw : cette belle pagode dorée est vieille de plus de 1000 ans, et elle domine la ville de Bago du haut de ses 114 mètres. Ce serait même la stupa la plus haute de tout le pays, encore plus que la Pagode de Shwedagon à Yangon !
Malheureusement, la stupa a subi de nombreux dommages, notamment à cause de plusieurs tremblements de terre ces dernières années. Un des piliers écroulés a d’ailleurs été conservé tel quel, et les croyants y apposent aujourd’hui des feuilles d’or.
Nous découvrons également des sortes de stands de jeux d’adresse, comme des manèges mécaniques où les gens essaient de lancer des billets, stratégiquement pliés en triangle, dans des barques mobiles.
Le monsieur en charge de la surveillance est à fond dans sa mission.. zzzzZZZZZZzzzZz….
La Galerie des 100 Bouddhas : située dans la Pagode de Shwegugale, ce tunnel circulaire abrite en réalité 64 images de bouddhas en position assise, tournées vers l’extérieur.
Le Bouddha couché Shwe Tha Lyaung est l’un des emblèmes des plus extraordinaires du pays. Il mesure 55 mètres de long et 16 mètres de haut, et pour l’anecdote, le petit doigt mesure 3 mètres ! Ce bouddha couché vieux de 250 ans est protégé aujourd’hui par une toiture métallique. On pourrait penser qu’il est impossible de perdre le deuxième plus grand bouddha couché au monde, et pourtant : en 1757 lorsque Bago a été saccagée, le bouddha a été oublié puis redécouvert en 1881 par hasard.
Un peu plus loin, un autre bouddha couché « Nya Thar Lyaung » : les dimensions sont plus modestes mais les traits du visage sont plus fins. Nous nous sommes posés un instant pour contempler la statue jusqu’à ce que les lumières du jour déclinent.
Un bouddha beau jusqu’au bout des ongles de pied !
La Mahazedi Paya, une belle pagode toute blanche et dorée. Dommage pour nous, elle était en travaux lors de notre passage.
La Pagode de Kyaik Pun : ces quatre images de Bouddha sont gigantesques. Attention, ce ne sont pas quatre images différentes de Bouddha, mais quatre images de différentes réincarnations de Bouddha. Et ouais, nuance !
Bon, là apparemment, ça doit être écrit « Toilettes Homme » et « Toilettes filles ». Ou l’inverse !
Nous sommes également passés par la Pagode de Hintha Gon, où on a vécu une drôle d’histoire, qu’on vous raconte dans le chapitre suivant !
Infos pratiques :
Coût du pass touristique : 10 000 kyats par personne (soit 6.3€) et 300 kyats (20 cts) pour le droit à prendre des photos
Location des vélos : 2000 kyats/jour (Cf. partie « Où nous avons logé à Bago? »)
Boucle en vélo : environ 25 km
Cérémonie Natpwè
Au hasard de nos déambulations à vélo dans Bago, nous tombons sur une cérémonie complètement ahurissante.
Au beau milieu de Hintha Gon Pagoda, une des nombreuses pagodes bouddistes de Bago, un travesti, affûté d’une robe ostentatoire et d’un couvre-chef immense, danse au milieu d’une foule de personnes au rythme d’une dizaine d’instruments de percussions qui semblent chacun jouer leur propre rythme.
Dans cette belle symphonie cacophonique, et sous l’œil du travesti, des hommes et femmes boivent de l’alcool, mangent une sorte d’herbe verte et commencent à gesticuler de manière hystérique comme s’ils avaient perdus le contrôle de leur corps, complètement en transe pendant de longues minutes, jusqu’à s’effondrer en convulsions sur le sol, exténués et le visage dégoulinant de sueur.
Une fois revenus à eux, les personnes se mettaient à remercier vivement le travesti, ou à prier en silence.
Nous n’avons absolument rien compris de ce qui se passait sous nos yeux. L’incompréhension a été la plus totale.
Est-ce du bouddhisme ?
Qu’est ce que c’était que cette herbe verte ?
Qui était ce travelo ?
Pourquoi les gens avaient des convulsions ?
Pourquoi cette cérémonie ?
Pourquoi ?
Pourquoi ?
On est resté sans voix… Le mystère est entier…
Mais en discutant quelques jours plus tard avec des locaux, nous finirons par comprendre… nous avons en fait eu la chance d’assister à une cérémonie animiste appelée « Nat Pwè« .
L’originalité du bouddhisme en Birmanie réside dans la cohabitation de deux croyances principales :
- L’Animisme : la religion des premiers Birmans, qui consiste à croire en l’existence des esprits pouvant animer les objets ou les êtres vivants. Il y avait toutes sortes d’esprit : l’esprit de la forêt, l’esprit de l’eau, l’esprit du riz, etc.
- Le Bouddhisme : introduit dans le pays vers le 3e siècle avant JC
Aujourd’hui, ces deux croyances cohabitent parfaitement dans la culture du pays, et certains diront même que Bouddha serait le plus grand des Nats !
En tout, il y aurait aujourd’hui officiellement 37 esprits qui peuvent intervenir dans le monde des humains par l’intermédiaire des médiums qu’ils ont choisis : les « Nat Kadaw« , souvent des hommes travestis en femme. Ces Nat Kadaw sont régulièrement sollicités pour mener des cérémonies festives (Nat Pwè) pour soit calmer la colère des esprits, soit prodiguer des conseils aux gens. Durant ces cérémonies très onéreuses, le médium entre en transe et permet au Nat de prendre possession de son corps pour prodiguer des conseils aux gens… en échange de quelques billets
Le Nat Kadaw est accompagné par un orchestre de percussions traditionnel appelé le « saing waing » : des gongs, des tambours, des percussions, et quelques instruments à vent.
Où nous avons logé à Bago?
San Francisco Guest house : on était très contents de trouver cette Guest house située à deux pas de la gare ferroviaire, car les autres offres d’hébergement étaient bien plus chers à Bago (à partir de 30 €/nuit) et bien moins centrales. La gérante du San Francisco est adorable et très serviable. La chambre et la salle de bain sont sommaires mais propres. Le petit-déjeuner (birman) est inclus et servi dans un petit boui-boui à côté.
Comme un peu partout, le réseau électrique du Myanmar n’est pas très efficace et les coupures de courant sont légion.
Infos pratiques :
Une chambre double avec clim au San Francisco Guest House à 20 $ ou 26 000 kyats par nuit (soit 16.40€)
Location des vélos : 2000 kyats/jour (environ 1.3 €)
On a mangé quoi?
Le choix des restaurants à Bago est très maigre, et on a galéré pour trouver des adresses…
Un soir, alors que l’on peinait à trouver un endroit où dîner, nous atterrissons dans l’un des restaurants les moins glauques du quartier. Le menu est écrit intégralement en birman, mais cela ne nous pose aucun problème. A l’aide des minuscules images en format timbre-poste pixelisé, nous arrivons à commander quelques plats.
Pour Claire ce sera, d’après l’image, des toats sur une salade composée accompagnés d’une bonne bière fraîche… Mais lorsque le serveur apporte le plat, il s’avère que c’est un sandwich… à la glace ! Oui oui oui, à la glace.. vraiment… des boules de glace parfum fraise et manioc, coincées entre deux tranches de pain de mie coupées en triangle. Parfait en plat principal pour accompagner la bière !!!!
D’ailleurs, on avait tellement galéré pour dîner ce soir là qu’on s’est arrêté au retour au KFC pour se caler le bide.
Nous découvrons également le fruit du Langsat, avec une chair blanche un peu gélatineuse qui éclate sous nos dents pour libérer un jus sucré et frais. Avec cette chaleur, c’est un régal !
Bilan ?
On a aimé :
- L’expérience du trajet en train de Yangoun-Bago
- Faire un coucou à l’énorme python du temple
- Le super Bouddha couché Shwe Tha Lyaung aux traits fins
- Assister par hasard à une cérémonie du Nat Pwè… Un truc de dingue !
On a moins aimé :
- La chaleur écrasante pendant qu’on pédalait sur nos vélos
- En dehors des temples et pagodes, la ville de Bago manque de charme et de restaurants sympas
J’ai tout lu avec plaisir et beaucoup d’intérêt !!!
Très intéressant !! Bien envie d’aller visiter ce pays…
Bises
Marie Pierre.
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Oui ! Ce pays est superbe 🙂
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