9 avril 2018
Après notre roadtrip en moto dans la région de Thakhek (cf. article ici), et avant cela la région de Ha Giang au Vietnam (cf. article ici), nous nous sentons l’âme de motards et nous prévoyons de refaire un roadtrip en moto dans la région de Paksé, dans le Sud du Laos. Vrooooum ! Je ne reconnais plus personne, en Honda Davidson…
Notre vidéo du roadtrip en moto de Paksé
Le trajet en four en bus entre Thakhek et Paksé
Vue la chaleur qui règne dans le pays en ce moment (nous commençons à entrer dans la période « chaude » de l’année), nous décidons de délier un peu plus les cordons de la bourse et de prendre un bus avec climatisation
08h30 du matin nous sautons dans le bus à Thakhek, et… Saperlipopette ! La climatisation ne fonctionne pas ! Le trajet s’annonce très long …
Notre bus roulera donc sur 330 kilomètres sans climatisation et sous un soleil de plomb… À côté de nous, un couple de touristes espagnols se sont levés plusieurs fois pour dire au conducteur de mettre la clim’, mais c’était en vain : les buses ne soufflaient qu’une légère brise d’air tiède. Quand ça ne marche pas, ça ne marche pas… Et nous on se liquéfie sur nos sièges.
Pendant le trajet, des vendeuses à la sauvette montent dans le bus pour nous proposer des brochettes de poulet entier grillé, des œufs durs, fruits saumurés et autres victuailles… ça se bouscule dans le couloir. Une chèvre voyage juste à côté de nous, avec les bagages, et elle n’a pas l’air très sereine la pauvre biquette.
Nous arrivons enfin à notre destination, sept longues heures plus tard, totalement assommés par la chaleur. Et dire qu’il y a des gens qui payent une fortune pour se faire un sauna, non mais quelle idée saugrenue !
En arrivant en milieu d’après-midi à Paksé, nous avons eu tout le loisir de travailler sur la logistique de notre roadtrip : louer nos deux motos, alléger nos sac à dos pour la route, se renseigner sur l’itinéraire et les nuits-étapes… En quelques heures, nous sommes prêts pour partir le lendemain matin à la découverte du Plateau des Bolovens !
C’est sans compter William qui tombe malade dans la nuit, ce qui repoussera le début de notre roadtrip d’une journée… Et allez, une turista de plus au compteur !
Notre itinéraire de la boucle en moto de Paksé sur le plateau des Bolovens
Nous avons décidé de faire la grande boucle : celle qui dure trois jours au lieu de deux. Et vu qu’on n’aime pas faire comme tout le monde, on choisit de rouler dans le sens inverse aux aiguilles d’une montre (la plupart des gens partant dans l’autre sens)
On se permet aussi une folie : rajouter à la boucle le temple de Vat Phou situé à Champassak, à 45 km au sud de la ville… Ça rallonge un peu le circuit, mais quitte à avoir des motos autant les utiliser à fond !
Voici notre itinéraire
- Jour 1 : de Paksé vers Ban Houei Kong, en faisant un crochet au temple de Vat Phou à Champassak (180 km)
- Jour 2 : De Ban Houei Kong vers Tad Lo (150 km)
- Jour 3 : de Tad Lo vers Paksé (100km)
Total = 430 km
Les temples de Vat Phou à Champassak
Sur les conseils de voyageurs rencontrés quelques jours plus tôt (Salut William et Estelle ! [Instagram : over_globe]), nous commençons notre roadtrip par le complexe des anciens temples khmers de Vat Phou, situé à Champassak à 45 kilomètres au sud de Paksé. Ce lieu ne figure pas sur l’itinéraire « classique » de la boucle du Plateau des Bolovens, mais nous voulions vraiment visiter cet endroit, alors autant profiter d’avoir les motos !
En laotien, « Vat Phou » signifie « temple de la montagne ». Et effectivement, nous sommes au pied de la montagne sacrée Phou Pasak (ou plus trivialement Phou Kao, qui signifie « Mont Pénis »), présentant à son sommet une énorme « linga » naturelle de forme phallique de 10 mètres de hauteur sur 10 mètres de largeur représentant le dieu Shiva sur Terre. Ce sommet n’est pas ouvert au public contrairement au complexe de temples. De cette montagne s’écoule une eau sacrée, que les fidèles peuvent venir récolter à un point d’eau au niveau de la terrasse supérieure.
Le site, situé dans une plaine au pied de la montagne sacrée, est magnifique. Les ruines inondées de soleil et les arbres verdoyants dans ce paysage aride confèrent au lieu une ambiance mystique. Vat Phou a été classé Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2001. Les 84 hectares sont cependant menacés, en grande partie par l’érosion de l’eau. Sans une bonne gestion de l’eau et des drainages, les constructions restantes risquent de s’effondrer !
Nous commençons par embarquer dans une voiture électrique pour parcourir les 800 mètres qui séparent l’entrée du site avec les premiers temples, le long d’un lac artificiel.
Après une longue allée entourée de bassins à secs, nous arrivons tout d’abord aux quatre pavillons rectangulaires de grès et latérite, joliment sculptés.
Derrière les pavillons, une ancienne galerie mène à un bel escalier de pierre, bordé de frangipaniers centenaires, qui permet d’accéder à la terrasse supérieure où se trouve le sanctuaire.
En arrivant sur la terrasse supérieure, on découvre le sanctuaire, avec des temples joliment décorés.
Nous découvrons une belle représentation de Shiva avec 5 têtes et 10 bras, avec Vishnu et Brahma à ses pieds.
En cherchant un peu, on peut également trouver sur cette terrasse supérieure la « pierre crocodile% », la « pierre éléphant » ou l’empreinte de Bouddha.
La cascade Tad Fane
Pour notre première cascade, nous garons nos motos à la cascade de Tad Fane. L’impressionnante cascade de 120 mètres de hauteur aurait pu être sympa si elle n’était pas cachée au cœur d’un resort hôtelier avec des estrades en bois construits tout autour des points de vue.
Accès : 10 000 kips/personne et 5 000 kips/moto
D’après Maps.me, il y aurait un chemin qui permet d’aller en haut des chutes et permettrait de relier la cascade de Tad Yuang toute proche (2.5km – 40 min aller). Mais nous étions un peu courts en temps après notre big détour par Champassak.
La cascade Tad Yuang
Nous avons trouvé cette cascade plus sympa car on peut s’approcher davantage. La chute tombe dans une jolie vasque entourée de verdure et de palmiers. Au sommet de la cascade il y a des petits bungalows abrités du soleil pour faire trempette dans l’eau.
Accès : 10 000 kips/personne et 5 000 kips/moto
La cascade Tad Alone
Normalement, c’est une belle cascade naturelle entourée de roches noires. Mais lors de notre arrivée au coucher de soleil, nous avons découvert que toute la zone autour de la cascade était en travaux pour y construire des aménagements. On n’est pas bien sûr à 100%, mais il semblerait que l’eau a été déviée en amont pour créer une deuxième cascade artificielle en béton avec des bassins à déversement… et des logements hôteliers. Décevant !
Accès : gratuit (heureusement !)
Du coup, nous ne nous sommes pas éternisés : nous partons à la recherche d’un logement pour se reposer de cette première journée bien intense.
Sur la route, on s’arrêtera quelques instants pour contempler le soleil qui effleure l’horizon
La promenade des Cascades de Tayek Seua
Le lendemain matin, nous nous attaquons à une randonnée de plusieurs heures pour rallier différentes cascades, beaucoup moins touristiques car situées dans la grande boucle de Paksé. De plus, pour y arriver, il faut emprunter un chemin de piste parfois assez galère (Claire s’est vautrée deux fois ! Sans dégâts à part un rétro tordu)
Nous n’avons fait qu’une partie de la randonnée (les trois premières cascades du circuit pour une durée de 2h30) car le circuit complet prendrait la journée entière. Dès le début de la randonnée, nous sommes accompagnés d’un petit chiot malicieux âgé de quelques mois, et de sa maman qui veille sur lui d’un œil protecteur.
Accès au sentier : 5 000 kips/personne et 5 000 kips/moto
En marchant, nous découvrons plusieurs pancartes nous avertissant de la présence de « venimous snake » (serpents venimeux)… Et bien ça promet ! Du coup, nous marcherons le reste de la randonnée en sondant devant nous avec un bâton de fortune
Tad Jarou est sublime : une immense cascade qui se jette dans un jardin de mousse et de fleurs exotiques. C’est notre coup de cœur des cascades de la boucle de Paksé
Un peu plus loin, nous atteignons Tad Thalaleui : une petite cascade qui se transforme en une longue rivière calme qui s’écoule sur de grands rochers plats. L’endroit idéal pour se rafraîchir avant de reprendre la route ! William accompagne le petit chiot qui n’ose pas sauter dans l’eau pour traverser la rivière.
Ensuite… il faut tout remonter car les cascades descendent les unes après les autres dans la vallée étroite. On arrive en sueur. Bénéfice de la baignade : proche de zéro. Vite on remonte sur les motos pour se sécher au vent !
La cascade de Tad Faek
40 km plus loin, on s’arrête à Tad Faek, une cascade pas très grande mais avec des zones de baignade et bungalows sympathiques. Le lieu rêvé pour un pique-nique, sauf qu’on est venu les mains vides… On va barboter au pied de la cascade : ça pousse vraiment fort.
Accès : 10 000 kips/personne
Voir la baignade des éléphants au Tad Lo Lodge
L’heure tourne et il reste encore 92 kilomètres de distance avant d’arriver à notre point d’étape pour dormir. Près de la guesthouse que nous avions repérée, il y a le Tad Lo Lodge qui possède deux éléphants adultes qui sortent prendre leur bain tous les jours à 16h30. Comme on ne voulait pas manquer ça, nous avons avalé le dernier tronçon de route en vitesse. Du coup, pas de photos mais nous nous sommes régalés en moto, à rouler à travers des forêts aux différentes nuances de vert, à contempler les montagnes qui se dressent à l’horizon, à passer dans des villages avec les maisons en bois typiques.
Arrivés à 16h45, on fonce voir les éléphants mais ils étaient tranquillement en train de se nourrir de bambous près de la rivière pendant qu’un groupe de touristes les mitraillaient de photos. Peut-être qu’on a loupé la séance de baignade mais tant pis !
À la place, nous nous installons une centaine de mètres plus loin, à la cascade de Tad Han avec une bière fraîche à la main et quelques paquets de chips achetés dans un stand. C’est l’heure de l’apéro !
Sur le chemin du retour, nous passons devant un bien triste spectacle : les deux éléphants sont désormais attachés par une grande chaîne autour des pattes, reliée à un arbre. C’est vraisemblablement l’endroit où ils passent la majorité de leur temps entre deux « elephant riding », loin des touristes
On passe à moment à les regarder manger leurs bambous. Ils se servent de leur trompe comme d’une main pour ramasser le bambou et le casser en deux aussi facilement qu’une paille. Et pourtant, certains bambous sont hyper solides… On a testé !
Voyant qu’il n’y a personne aux alentours, William décide de s’approcher tout doucement pour tenter de toucher les géants. Au bout de 10 minutes d’approche lente, la main touche enfin avec timidité la trompe du pachyderme : une sensation de caresser du cuir épais, fripé, avec quelques poils drus. Ça a été un moment vraiment fort et très impressionnant !
Nous étions quand même sur nos gardes car les éléphants peuvent être imprévisibles et dangereux.
Claire tentera le coup aussi et nous repartirons tous les deux avec un sentiment partagé : heureux d’avoir pu toucher pour la première fois de notre vie un éléphant, mais tristes de voir ces géants enchaînés misérablement à un arbre. Et au fond de nous, nous nous sommes fait la promesse de ne jamais faire d’elephant riding (pratique qui consiste à se balader à dos d’éléphant). Et si nous voulons recroiser un jour le chemin de ces placides géants, ce sera soit dans la nature à l’état sauvage, soit dans un sanctuaire pour éléphants domestiqués à la retraite !
Allez, il est temps de se reposer dans notre chouette bungalow avec terrasse privée, hamac et vue sur la rivière.
La cascade de Tad Suong
Pour débuter la troisième et dernière journée de notre trip en moto sur le Plateau des Bolovens, nous nous dirigeons vers Tad Suong, une maigre cascade qui déverse un timide filet d’eau mais qui offre un panorama incroyable qui s’ouvre à perte de vue sur la vallée en contrebas de la cascade.
Il y a un très beau point de vue en haut de la cascade. Un chemin permet d’aller voir le bas de la cascade mais après y être allés, on pense que ça ne vaut pas le coup. D’une part parce qu’il y a très peu d’eau et d’autre part parce que les échelles en bambou sont en piteux état et que nous avons dû faire quelques séances d’escalade à flanc de montagne ! Coup de sueur garanti !
Accès : 5000 kips/moto
La plantation de café de Mr Vieng
En arrivant dans la plantation de café nous sommes accueillis par Mr Vieng en personne, tout souriant.
Les plantations de café se retrouvent plutôt dans le nord du Laos et ici sur le Plateau des Bolovens, car le climat est plus doux. La saison du café s’étend de Novembre à Avril. Nous y étions en début Avril, donc l’activité commençait à toucher à sa fin. Le reste de l’année, Mr Vieng cultive d’autres productions : cacahuètes en juillet/août et riz en septembre/octobre.
6-7 personnes travaillent sur ce site pour une production annuelle d’1 tonne de café à moudre, vendu en totalité en direct, sans intermédiaires.
Mr Vieng plante ici trois types de café :
- Arabica : plein d’arôme, avec une légère amertume (notre préféré!)
- Robusta : costaud, fort en bouche et amer
- Liberica : léger et doux
Durant le tour de sa plantation, Mr Vieng nous explique (avec son super niveau d’anglais) en quelques mots le processus de production du café à moudre :
- Enlever la peau rouge grâce à une machine
- Faire sécher au soleil
- Enlever la deuxième peau grâce a un pilon en bois
- Torréfier au feu durant 20-30 minutes
Ici, son fléau c’est les fourmis arboricoles qui construisent leurs fourmilières dans les arbres à café. Mr Vieng les détruit en tuant la reine en broyant le nid à la main… Ce sont les même fourmis que nous avions mangées lors de notre trek dans la jungle à Luang Namtha (cf. article ici). William les a reconnues tout de suite ! On en a grignoté quelques unes qui se promenaient sur nous, et non : celles-ci n’ont pas le goût du café, mais toujours ce petit goût acide-citronné !
Nous avons aussi pu goûter à un étrange fruit, le « fruit-œuf » (ou « egg fruit » comme Mr Vieng nous l’a présenté). Un étonnant fruit vert, avec une chaire d’une belle couleur jaune-orange dont la texture ressemble à un gâteau pâteux et sucré… C’est délicieux et très surprenant !
Mr Vieng nous montre également le kapok, une fibre végétale similaire au coton, utilisée comme garniture de matelas et coussins.
Nous soldons la visite par une dégustation de café (arabica et robusta), accompagné de cacahuètes.
Mr Vieng vend également des fleurs de café… À rouler et à fumer pures, sans tabac ! Nous ne sommes pas fumeurs mais la curiosité l’emportera et nous nous roulerons une petite cigarette de fleurs de café… Verdict ? Difficile de dire la différence avec une vraie cigarette, mais apparemment le goût serait plus léger et parfumé…
Sur place, la femme de Mr Vieng propose aussi quelques articles d’artisanats à la vente.
Après ce moment riche pour les sens, nous nous installons pour faire une sieste dans les supers hamacs tressés en bambou (et c’est très confortable!).
Nous ne repartirons pas les mains vides : nous achetons deux boîtes de cacahuètes avec des gousses d’ail frits… Une tuerie pour les prochains apéros !
Coût de la visite guidée : 15 000 kips/personne
En reprenant les motos, nous croiserons d’amusantes camionnettes remplies de légumes
La cascade de Tad Phasuam
À l’entrée, il y a la jolie cascade qui se déverse dans une arène circulaire d’une dizaine de mètres de large. Nous nous sommes installés en face, une bière à la main, pour profiter du spectacle. Un chouette moment !
Un peu plus loin, il y a des infrastructures de logements, de type « nuit dans la jungle » avec des cabanes en bois, mais tout avait l’air surfait et pas très authentique. Et surtout désert ! Il n’y avait pas un chat mais peut-être était-ce parce que nous étions en basse saison ?
Mais nous avons quand même profité pour faire un plongeon dans la rivière au soleil couchant. La température de l’eau était parfaite !
Accès : 10 000 kips/personne et 2 000 kips/moto
Où manger à Paksé et sur la boucle ?
Nous avons bien aimé le restaurant indien Jasmine situé à Pakse. Pour de la cuisine plus locale, il y a le restaurant Daolin.
Pour notre première étape de la boucle, au village de Ban Houei Kong, nous avons mangé un barbecue coréen dans un petit restaurant. Impossible de retrouver le nom, c’était un des seuls restaurants ouverts.
Dans le village de Tad Lo, nous sommes allés chez Mama Pap : vieille femme malicieuse qui prépare des plats simples aux proportions généreuses. Nous y sommes retournés pour le petit-déjeuner : ses banana pancake sont impressionnants ! De quoi caler pour la journée
Infos pratiques sur Paksé
Bus climatisé (ou pas !) Thakhek/Paksé : 70 000 kips par personne soit 7€
Logement à Sakhone Ghesthouse (Paksé) pour 60 000 kips/nuit pour deux personnes. Salle de bains commune
Première nuit de la boucle : H Thida guesthouse & restaurant. Chambre double avec sdb privée pour 70 000 kips/nuit. On n’a pas goûté au restaurant !
Deuxième nuit de la boucle : Sailomyen Guesthouse. Des bungalows très sympas, avec une mini terrasse avec hamac qui donne sur la rivière et sanitaires communs en extérieur pour 50 000 kips/nuit
Coût location moto semi-automatique 110cc : 40 000 kips/j (4€/j) chez Wang-Wang
Budget essence : 65 000 kips par moto pour trois jours (6.5€)
Bilan du tour en moto de Pakse?
Au final, ce roadtrip en deux roues aura été vraiment différent de nos précédents treks en moto. Ici à Paksé, la route n’est pas toujours en très bon état : il y a beaucoup de pistes pour rejoindre les cascades.
Autant à Thakhek la route était ponctuée de grottes à visiter, autant à Paksé ce sont les chutes qui font de la région une belle destination en moto. Pour varier les plaisirs, on a beaucoup aimé également la visite de la plantation de café.
Nos chaussures de marche auront rendu l’âme durant ces quelques jours, il est temps de les changer !
Un commentaire sur « (J+237) Laos – Paksé et la Boucle en moto sur le plateau des Bolovens »