10 février 2018
Nous arrivons aux Philippines à Manila (Manille en français) après un court vol de 3h depuis Sydney. Sandrine, la soeur de Claire, doit nous rejoindre dans quatre jours pour faire de la plongée avec nous, et nous décidons de l’attendre sur Manille et d’en profiter pour découvrir la ville et ses environs.
Pour nous c’est aussi une grande étape de notre voyage : Un nouveau chapitre s’ouvre et nous commençons la partie « Asie du Sud-Est » de notre tour du monde.
Manille, une capitale au traffic incessant
Manille est la capitale des Philippines située sur l’île de Luzon. Avec une population de 1.6 million d’habitants pour 38.5 km², Manille est la ville la plus densément peuplée au monde. Elle fait partie de l’agglomération de Manille avec 15 autres villes, regroupant 12 millions d’habitants
Manille a longtemps été occupée : par les espagnols, les américains puis les japonais, ce qui explique le mélange culturel du pays et de la présence de mots espagnols dans le langage philippin (notamment pour compter) et de la prépondérance de l’anglais.
Les Philippines ont d’abord été occupées par les conquistadors espagnols en 1571 qui se sont installés dans une ville fortifiée, appelée aujourd’hui « Intramuros ». Les Philippines sont restées aux mains des espagnols jusqu’en 1898, où le territoire a été vendu aux américains suite à la défaite des espagnols dans la guerre contre l’Amérique.
En 1942, les Philippines sont ensuite occupées par les japonais suite à leur victoire dans la Bataille des Philippines (1941-1942). Une bataille navale et aérienne sanglante a eu lieu dans tout le pays fin 1944 pour reprendre la main. En février 1945, la « Bataille de Manille » oppose les forces américaines et philippines aux japonais. Les Américains finissent par l’emporter mais la ville de Manille est quasiment rasée… Manille a été la deuxième ville la plus détruite au cours de la seconde guerre mondiale.
Ce n’est qu’à la fin de la guerre, en juillet 1946, que les Philippines ont enfin obtenu leur statut d’indépendance.
Aujourd’hui, Manille est une ville tumultueuse, à l’activité incessante et au traffic ininterrompu. De jour comme de nuit, les rues sont remplies de passants, vendeurs ambulants, hôtesses en talons aiguilles et… véhicules ! Dans cette ville, il y a du traffic tout le temps, quelque soit l’heure. Voitures privées, taxis, motos, tricycles, et jeepneys, des sortes de mini-bus privés customisés pour le transport collectif
L’intramuros
Le quartier intramuros était le centre du Manille espagnol. La ville avait alors été construite sur la base d’une structure médiévale de château fort, avec des remparts de 22 mètres de haut et 8 mètres de large.
Nous sommes rentrés par la porte Sud de la ville fortifiée, donnant sur la rue principale « General Luna ».
En remontant cette rue, nous arrivons à l’Eglise San Augustin, la plus vieille Eglise de la ville (1587). Cette Église a été détruite et reconstruite de nombreuses fois suite à des incendies et des tremblements de terre. Durant la Bataille de Manille, les soldats japonais ont transformé cette église en camp de prisionniers, où étaient retenus en otage résidents intra-muros et religieux. Cependant, c’est la seule des sept églises de la ville a avoir survécu aux bombardements des forces alliées.
Nous avons préféré la Cathédrale de Manille, qui est aujourd’hui la 8ème réplique de l’originale !
En effet, cette cathédrale a été maintes fois détruite par un typhon, un grand incendie, des tremblements de terre et des bombardements. La dernière reconstruction date de 1950.
Juste en face de l’Eglise San Augustin se trouve la Casa Manila que nous n’avons pas visitée. Il s’agirait de la reproduction d’une demeure coloniale à trois étages, remplie de meubles d’époque.
Juste à côté de la casa Manilla, il est possible de passer par de très jolies cours et ruelles intérieures :
Un peu plus loin, à l’extrémité de la ville fortifiée, se trouve le Fort de Santiago, construit à l’origine en bois en 1571, puis remplacé par un fort en pierre en 1590. Durant la seconde guerre mondiale, il a été utilisé comme un camp de prisonniers de guerre par les japonais.
A l’intérieur du fort, se trouve un musée, le « Rizal Shrine », dédié au héro national José Rizal, qui a contribué à l’indépendance des Philippines. C’est dans ce fort que Rizal a été emprisonné et a vécu ses dernières heures avant d’être exécuté le 30 décembre 1896.
Au détour de ruelles dans le quartier Intramuros, on peut tomber sur des rues plus populaires, où l’on a pu voir plusieurs coqs attachés par la patte. En effet, les philippins raffolent des combats de coqs
La balade des remparts est aussi très agréable à faire. Il y a un parcours de golf juste en dessous, et des panneaux avertissent « Attention, balles de golf volantes » !
Le Parc Rizal
Le Parc Rizal est en fait une grande place dénuée d’arbres avec des fontaines, dédiée au héro national José Rizal. On y trouve cependant un sympathique jardin chinois, très paisible.
Le quartier chinois de Manille
Crée en 1594, Binondo est le plus vieux quartier chinois au monde ! Binondo était déjà une plaque tournante du commerce chinois avant l’arrivée des conquistadors espagnols.
Nous visitons le quartier quelques jours avant le Nouvel an asiatique (et pas le Nouvel an chinois !!) qui a lieu le 16 février, et c’est l’effervescence : de nombreux vendeurs de rue proposent gingembre, ananas, kumkats et autres produits alimentaires joliment décorés avec des rubans rouges. Il y a du monde partout dans la rue, ça crie, ça klaxonne, ça s’agite… (et ça pue également à certains endroits !). Le moins qu’on puisse dire est que le quartier chinois est vivant et animé !
L’église Binondo dans le quartier chinois :
Tenus par la faim, on rentre dans un restaurant bourré de locaux, c’est que ça doit être bon ! On essaye l’oyster cake : une omelette aux huîtres et pousses de soja, meilleure que l’idée qu’on s’en fait !
Les quartiers populaires
Nous sommes tombés par hasard dans des quartiers très populaires et pourtant très beaux. Les habitants nous regardaient d’un air un peu étonnés, ils ne doivent pas souvent voir des touristes se balader dans le coin…
L’île Corregidor, ravagée par les bombardements de la seconde guerre mondiale
Corregidor est une petite île de 9km² située à 48km à l’Ouest de Manille. Elle est localisée à une place stratégique puisqu’elle se trouve en plein dans l’entrée de la Baie de Manille.
Les historiens pensent que durant l’époque de la conquête espagnole, tous les bateaux allant sur Manille étaient tenus de s’arrêter à Corregidor pour que leurs documents soient vérifiés et éventuellement corrigés (d’où le nom de Corregidor). Une autre théorie est que l’île servait de pénitencier ou de maison de correction.
Durant la seconde guerre mondiale, les japonais tentent de conquérir tout l’océan pacifique. La résistance fait rage aux Philippines : c’est la Bataille des Philippines de 1941-1942.
L’armée américaine établit son quartier-général à Corregidor, qui deviendra le dernier bastion de résistance américaine et philippine contre l’invasion des japonais. L’île était alors une véritable cité (caserne militaire pour les 11 000 soldats, un cinéma, un hôpital et deux écoles…) et est lourdement armée : 23 batteries (petit groupe de pièces d’artillerie) composées de 56 canons côtiers et mortiers, 13 batteries anti-aériennes, 76 canons et 10 projecteurs Sperry utilisés pour traquer les bombardiers.
Entre fin décembre 1941 et fin avril 1942, les japonais bombardent lourdement l’île, détruisant l’hôpital ainsi que de nombreuses infrastructures. Les défenseurs américains et philippins résistèrent vaillamment aux attaques aériennes des japonais qui leur infligèrent 614 bombardements pour un total de 365 tonnes d’explosifs.
Mais début mai, les japonais débarquèrent sur l’île et obtinrent la rédition. La prise de Corregidor marqua la victoire finale des japonais aux Philippines. Corregidor est aujourd’hui un mémorial pour le courage et la bravoure des forces américaines et philippines dans leur lutte contre l’invasion japonaise.
Corregidor ne sera reprise par l’armée américaine qu’en 1945. Le bombardement par les forces américaines finira de raser l’île : plus aucun bâtiment ne demeure intact et toute la végétation de l’île est détruite.
Aujourd’hui, Corregidor est figé dans le passé. L’île est restée en l’état depuis les bombardements de la seconde guerre mondiale. Depuis, la végétation a repris ses droits et les singes ont commencé à repeupler les lieux, déambulant dans les bâtiments en ruine.
Des tours guidés sont organisés tous les jours à l’arrivée de l’énorme ferry de près de 300 passagers à 9h. Mais le flux des passagers est bien maîtrisé : les touristes sont répartis dans des bus et les chauffeurs se débrouillent pour qu’on ne se retrouve pas à plusieurs groupes sur le même site. On n’a pas l’impression d’être 300 sur l’île et c’est tant mieux !
Dans chaque bus, un guide explique l’histoire de l’île au fur et à mesure des arrêts. Le notre parle à tout allure dans des hauts-parleurs qui grésillent, ce qui nous empêchera de tout bien comprendre.
On fait le tour des différents sites, des bâtiments à moitié éventrés, des canons restés en place et désormais silencieux.
On a visité le Tunnel de Malinta qui était à l’origine utilisé comme bunker et lieu de stockage sécurisé pour les munitions, puis a été équipé de 1000 lits d’hôpital. Le tunnel principal fait 253 mètres de long et les 24 tunnels latéraux font en moyenne 49 mètres. Le spectacle son et lumières avec des reconstitutions de moments de vie dans le tunnel est à payer en plus (200 pesos/p soit 3 €) et n’est franchement pas terrible
Le ferry SunCruise pour Corregidor part tous les jours de l’embarcadère situé au nord du Mall of Asia (Attention, le changement de localisation est récent).
Checking à 6h30 > Embarquement à 7h00 > Départ à 7h30
Visite de l’île de 9h00 à 14h30
Retour à Manille à 16h00
Le tarif pour le tour guidé en bus est de 2600 pesos/personne (40 €) en semaine et 2800 pesos/personne (44 €) en week-end. Il existe un « Historical Walking tour » à 1900 pesos/personne (30€). Les tarifs incluent le ferry, le guide, les droits d’entrée et le lunch.
Pour l’anecdote, la visite de l’île Corregidor n’aura pas été une mince affaire. Mission n°1 : trouver le départ du ferry qui avait changé d’emplacement. Mission n°2 : prendre des billets. Nous nous sommes rendus à l’embarcadère un jeudi en début d’après-midi et nous y apprenons qu’il n’y a qu’un seul départ par jour, à 7h30. On aurait pu se renseigner avant mais soit. On met le réveil le lendemain à 5h15 pour acheter nos billets avant le checking à 6h30. Pas un chat à l’horizon mais on tombe nez à nez avec un petit écriteau indiquant « Pas de traversée aujourd’hui pour cause de maintenance« . Damned !! Mais on ne s’est pas levés tôt pour rien, et on en profite pour aller au lac Taal (cf. Partie suivante). Le lendemain, rebelote : réveil à 5h15. En arrivant au comptoir, à 6h, on voit affiché « COMPLET ». AAAAARGH !!! On est samedi, il y a une horde de touristes. Dépités, on se fait une réunion de crise : qu’est-ce qu’on fait ? On a déjà visité Manille et on a plus de plan B. William part discuter avec le responsable checking pour qu’il nous dise si jamais il y a un désistement. Ce n’est pas impossible mais il faudra attendre jusqu’à 7h30. On attend, on attend, William fait son relou pour pas qu’on nous oublie… et finalement nous obtenons deux places in extremis ! Corregidor, nous voilà !
Tagaytay, où les lacs et les îles s’emboîtent comme des poupées russes
Tagaytay se trouve à 60km au Sud du centre de Manille. Cette ville se situe juste à côté du Lac Taal, d’où émerge en son centre le volcan Taal, à 600 mètres de hauteur.
Le volcan Taal présente un cratère inondé avec un tout petit îlot au milieu. On peut lire souvent qu’il s’agit d’une île (l’îlot) dans un lac (le cratère), dans une île (le volcan Taal), dans un lac (le lac Taal), dans une île (l’île de Luzon). On s’y mélangerait presque les pédales !
L’épopée commence à Manille où nous avons bien galéré pour trouver le point de départ des bus. En effet, les indications trouvées sur les guides et les blogs internet étaient périmées. On nous dit que la compagnie LDBP part de Buen Dia, sauf qu’on s’apercevra plus tard qu’il y a trois emplacements qui s’appellent Buen Dia dans Manille…
Après avoir été re-dirigé plusieurs fois par les philippins et pris plusieurs taxis, on arrive enfin au bon endroit : à l’angle de l’avenue Senator Gil Puyat et l’avenue Taft. (En fait, on avait fait tout ce cirque la veille pour ne pas perdre de temps le jour de notre excursion).
Les départs sont fréquents mais pas réguliers (ils attendent que le bus se remplisse). On saute dans le bus, climatisé à fond. On nous donne un ticket tout troué : au lieu d’écrire le contrôleur fait des trous pour sélectionner la date, le numéro de bus, le tarif… Des p’tits trous, des p’tits trous, toujours des p’tits troooouuuus!
On arrive à Tagaytay 2h15 plus tard. De là, il faut prendre un tricycle pour descendre au bord du lac (20 min de trajet).
On se rapproche, mais ça n’est pas fini : nous devons ensuite prendre un bateau pour traverser le lac et nous amener au volcan. La négociation est rude, mais on arrive à avoir un bon tarif car nous sommes les premiers clients du matin (ça porte chance !).
Arrivés au pied du volcan, on passe par un petit village avant de commencer l’ascension.
Les locaux essayent de nous faire prendre un guide ou des chevaux : inutile, il n’y a qu’un seul chemin et la montée n’est pas très longue (40 minutes environ). Par contre, ça grimpe un peu en plein cagnard. On a chaud ! Et comme si ça ne suffisait pas, la terre elle-même émet de grosses volutes de fumée bouillante. On arrive au sommet en sueur !
Une fois en haut, on découvre un beau point de vue sur le cratère et son îlot ainsi qu’un joli panorama sur le lac.
On prend le temps de souffler, profiter du paysage puis il est temps de faire marche arrière : 30 minutes pour redescendre du volcan, 30 minutes de bateau, 20 minutes de tricycle, 2h de bus puis 20 minutes de taxis pour rejoindre le centre de Manille ! Pfiouuu…
C’est vrai que ça fait beaucoup de trajet pour une petite balade sur le volcan, mais l’expédition était assez amusante. Et ça a permis de couper un peu avec la frénésie de Manille.
Coût du bus Manille-Tagaytay : 83 pesos philippins (environ 1.30 €)
Coût du bateau : 2000 pesos négociés 1500 pesos (veiller à ce que le tarif inclue les frais d’entrée au volcan). (Environ 23 €)
Coût du tricycle : 200 pesos (environ 3 €)
Où loger à Manille ?
Malate est un quartier de Manille près de Remedios Circle, connu pour être le « quartier des backpackers ». Et en effet, on y trouve une multitude d’hôtels et auberges de jeunesse pour toutes les bourses, ainsi que de très nombreux restaurants et bars (bien souvent à karaoké !). Les rues sont très animées, de jour comme de nuit. Le quartier est situé à une demie-heure à pied du principal site touristique de Manille : le quartier intra-muros.
Nous avons logé à Wanderers Guest House, qui propose des chambres et dortoirs à prix bon marché (environ 400 php/personne, soit 6€). Les chambres et les salles de bain communes sont assez rudimentaires. La guest house peut être assez bruyante la nuit car il y a beaucoup de passage et les murs sont très fins. Mais il est possible de demander à l’accueil s’ils ont une chambre plus à l’écart. L’avantage de cette guest house est d’être bien située et de disposer d’une terrasse avec un bar proposant des boissons à un prix intéressant.
Où manger à Manille ?
Le quartier de Malate regorge de restaurants. Juste en face de notre guest house se trouve le restaurant street food « Vest Ramen » où les plats sont vraiment très bon marché.
Il est également possible de manger pour pas cher dans le « food court » du Mall Robinsons.
En mode « Street food », William a goûté au balut, un œuf couvé de canard comme on en fait au Vietnam avec les œufs de poule (on a avait mangé à Nouméa).
Pour notre dernier soir à Manille (après notre semaine à Malapascua dont nous parlerons dans le prochain article), nous avons dîné au restaurant de rue « Silya » pour goûter le crispy pata, de la viande de porc croustillante.
Bilan ?
Beaucoup de voyageurs disent ne pas apprécier Manille et conseillent de partir dans les îles des Philippines le plus rapidement possible. Certes, les plages paradisiaques sont sûrement plus attirantes qu’une grosse ville mais notre séjour à Manille ne nous a pas déplu car elle reflète parfaitement ce que sont les mégas villes asiatiques : animées, bruyantes, fourmillantes et pleines de vie !
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