9 décembre 2017
Après avoir vadrouillé sur la Route des Sept Lacs vers Bariloche, nous atteignons notre dernière étape en Argentine : Mendoza, région viticole et vinicole par excellence où nous allons rendre visite à David, un copain d’école de William qui a quitté son Argentine natale pour passer 1 an et demi en France.
A Bariloche, nous avons pris un bus de 22h pour faire le trajet jusqu’à Mendoza. A la gare, David, l’ami d’école de William est venu nous accueillir. Nous avons prévu de passer quelques jours avec lui, ce qui est une belle opportunité pour nous de voir comment vivent les locaux.
Les environs de Mendoza
Mendoza est une agglomération d’un million d’habitants, mondialement connue pour son activité vinicole. La production de la région est très importante : plus de 1000 vignobles y sont officiellement enregistrés et à elle seule, la région de Mendoza représente 70% des volumes produits en Argentine ! La plupart des personnes que nous avons rencontrées à Mendoza travaillaient dans une bodega (domaine viticole), c’est dire si l’activité est importante !
Nous avons peu visité la ville de Mendoza, en faisant un tour en voiture dans le centre-ville. Mais la ville nous a semblé agréable : les rues sont larges, aérées et bordées d’arbres donnant vraiment la sensation de pouvoir « respirer ».
Durant notre séjour à Mendoza, nous avons eu l’occasion de nous rendre dans l’énorme parc à l’ouest de la ville, le Parque General San Martin, où se déroulait une « Feria Green » avec des stands de produits artisanaux, éthiques et écolos. Nous y avons goûté des bières artisanales et de la glace 100% végétale au lait d’amande et huile de coco.
David nous a également emmené au Lago Potrerillos, situé à environ 1h de route de la ville, très prisé par les habitants de Mendoza (les mendocinos) qui viennent profiter le week-end des spots où faire du kite-surf, du canoë, des barbecues…
En fait, nous avons d’avantage passé du temps à Luján de Cuyo, une ville voisine de Mendoza très verte et remplie de piscines privées, où habite David et sa famille. Car oui, dans la culture argentine, la famille c’est important et on ne s’éloigne jamais trop de ses parents : il n’est pas rare de vivre encore chez ses parents pendant ses études supérieures et même durant les premières années de la vie professionnelle.
David a lui fait le choix de s’installer en colocation dans une belle maison (jardin et piscine!) avec trois de ses amis : Ezek, Tincho et Chato. Mais leurs familles respectives ne sont pas bien loin
David nous a initié aux endroits branchés pour boire une bière, tel que le Barijho beer garden, un espace en plein air avec des tables en bois et des guirlandes lumineuses, où l’on peut tranquillement siroter sa bière pression sur de la musique électronique. L’endroit, pris d’assaut par les jeunes, est très agréable
Nous avons également découvert la boisson de soirée préférée des argentins : le Fernet-Branca, un alcool italien amer titrant à 39° qu’ils mélangent avec du coca. A priori, c’est impensable de faire un apéro ou une soirée sans une bouteille de Fernet sur la table. Un peu comme le Pastis dans le Sud…
Bon… On avouera qu’on préfère quand même notre petit jaune national !!
Une dégustation de vin de Mendoza
Mais plus que la bière ou le Fernet, LA spécialité de Mendoza c’est le vin ! Nous nous sommes donc rendus à la visite guidée d’une bodega familiale : Clos de Chacras. Ce petit domaine viticole, créé en 1921, produit 150 000 litres par an, ce qui reste une production lilliputienne. Avec les deux autres maisons du domaine, la production s’élevait à 42 millions de litres par an à la « Grande Époque », lorsque la consommation de vin était bien supérieure (1 à 2 litres de vin par jour et par personne !!). Une partie du domaine a conservé les installations d’antan, dont des tanks de vin de 140 000 litres (la production annuelle actuelle du Clos de Chacras !) qui ne sont aujourd’hui plus utilisés.
La visite s’est terminée par une dégustation de cinq vins produits dans la bodega, sur une jolie terrasse ombragée au bord d’un bassin garni de quelques carpes chinoises. Les vins, accompagnés de dés de fromage et de fruits secs, étaient bons, surtout le dernier Cabernet Sauvignon classé Grande Réserve !
En Argentine, les cépages les plus connus sont : Malbec (le cépage roi !), Cabernet Sauvignon, Syrah, Merlot, Pinot noir pour les rouges, Chardonnay, Sauvignon, Viognier pour les blancs. Tiens… ces cépages ne nous sont pas inconnus ! Pour la petite histoire, ce sont les conquistadors espagnols qui ont introduit la viticulture en Argentine au XVIe siècle. Les prêtres catholiques ont été les premiers vignerons en produisant du vin pour leurs messes. Mais le véritable essor du vignoble argentin ne s’est produit qu’au XIXe siècle, avec l’arrivée massive d’immigrants européens et la mise en service de la voie ferrée ralliant Mendoza à Buenos Aires. En 1853, un agronome français, Michel Aimé Pouget, a été commandité par le gouvernement argentin pour introduire plusieurs cépages français dont le fameux Malbec. Donc les Français ne sont pas dépaysés et retrouverons des noms familiers ! Le vin argentin est désormais réputé et le pays est aujourd’hui 5e producteur mondial
Par contre, les prix étaient exorbitants : de 500 à 1200 pesos la bouteille, pour des vins bons mais pas non plus transcendants !
La tradition de l’Asado, le barbecue argentin !
Lors de notre séjour à Mendoza, nous nous rappellerons notre découverte du traditionnel asado (barbecue) argentin. C’est connu : les argentins sont des férus de viande, et l’asado est de mise pour n’importe quelle occasion.
C’est la fin de la semaine de travail ? Un petit asado entre amis !
Le repas du dimanche traditionnel ? Un petit asado en famille !
Tu viens manger à la maison et on ne sait pas quoi faire ? Un petit asado vite-fait !
Le repas de Noël ? … un asado aussi !
David nous a avoué qu’il lui arrivait de faire 3 ou 4 asados dans la semaine !
Le barbecue tient donc une place importante dans le foyer : toutes les maisons en sont équipées, et à un emplacement stratégique !
Nous avons été invités par les parents de David à l’asado familial du dimanche, et en effet, on a pu voir que les argentins ne rigolent pas quand il s’agit de barbecue.
Hugo, le père de famille, est le chef en titre de l’asado et c’est lui qui sera aux fourneaux en ce dimanche ensoleillé. Il est ingénieur retraité : et ça se voit ! Il a dessiné et conçu son barbecue immense doté d’une grande parilla (grille) et d’une plancha, avec un système d’isolation thermique vertical avec deux pans mobiles qui permet d’utiliser le barbecue même en hiver. Et le tout est aidé d’un ingénieux système de contre-poids et de rails pour actionner sans se fatiguer !
Plusieurs morceaux de viande grillottent tranquillement : chinchulines, costilla, vacío, morcilla, chorizo… l’odeur alléchante nous fait déjà saliver et on se prépare mentalement au festival de viande qui s’abattra bientôt sur nous en deux ou trois « rounds » (ou service)! Le tout accompagné d’un bon vin rouge de la bodega où travaille David et de salades. Autant vous dire qu’on est sortis de table repus !
Nous avons vraiment été acceuillis chez Hugo & Lucia comme des rois. On s’est vraiment senti comme chez nous : le Papa qui nous tendait des morceaux de viandes pour « goûter » en avant-première pendant que le reste de la cavalerie finissait de griller et de caraméliser sur le grill, la maman qui nous pressait d’aller sauter dans la piscine pour se rafraîchir du soleil d’été avant de passer à table, les nièces Alma et Libertad qui jouaient et criaient sous la surveillance de leurs parents Alendro & Paula (la grande sœur de David) et Nacho le petit frère de David féru de technologie… Tout cela nous ont rappelé les beaux moments passés en famille ! GÉNIAL !!! Nous avons passé un excellent moment à table, à manger, boire, discuter et rigoler
Pour ceux qui n’ont pas de parilla chez eux (sacrilège ! A moins d’habiter en appartement…) ou qui manquent de temps, il est également possible d’acheter sa viande grillée toute prête, chez un spécialiste de la grillade à emporter. Nous y sommes allé un midi pour acheter de délicieuses empanadas à emporter.
Le Maté : la boisson nationale… Amertume quand tu nous tiens !
A Mendoza, nous avons également essayé une autre spécialité typiquement argentine : le maté ! C’est une boisson avec des feuilles de maté infusées, servie dans un petit récipient appelé également « maté » et bue avec une paille filtrante en métal. Le goût du maté rebute généralement les novices car il est très amer. En effet, les argentins remplissent complètement le récipient d’herbe à maté avant d’ajouter de l’eau bouillante, ce qui fait que la boisson est très concentrée. Les argentins sont complètement addicts de cette boisson. On les voit en boire partout : au bureau, dans les parcs, en attendant le bus, au guichet de la poste, au comptoir des agences de voyages… Ils se promènent avec leur tasse à maté et un thermos d’eau chaude pour « recharger ». Mais nous avons découvert que boire le maté pouvait répondre à un rituel bien précis, dans un acte collectif qui se fait entre amis ou en famille. On peut voir des gens boire le maté ensemble tranquillement installés dans un parc ou au bord de la plage, comme on se ferait tourner un calumet de la paix !
Le maté est également bu en « after », après une soirée en club. Les derniers survivants se retrouvent entre amis, tranquillement posés au fond du canapé ou dans le jardin, en sirotant un maté jusqu’au lever du soleil ! Ça aussi on l’a testé en compagnie de David et ses amis !!
Le « chef du maté » est celui qui sert le maté. Il remplit une première tasse avec du maté et de l’eau chaude et la donne au premier « participant » qui la boit tout en discutant. Lorsque celui-ci a terminé (la règle est de boire toute la tasse, et pas que quelques gorgées), il rend la tasse au chef du maté qui la re-remplit d’eau chaude et la donne au suivant. Et ainsi de suite, en respectant le sens et l’ordre des personnes ! Tout le monde se partage le même récipient et sussote la même paille (ou « bombilla« ) ! D’ailleurs, il ne faut pas « remuer » le maté, mais laisser la paille bien droite pour que le liquide baisse au fur et à mesure.
Autre règle : ne pas dire « merci » quand on se fait servir, ce qui signifierait qu’on ne veut plus de maté.
Pour ceux que le goût dérange, il est possible d’ajouter un peu de sucre au maté pour faire un « maté dulce » mais c’est comme le café : un vrai maté se boit normalement pur !
Le récipient traditionnel est la calebasse, mais il existe également des tasses à maté en bois, en verre, en plastique… Peu importe tant que le récipient est suffisant pour une « prise », et que la personne ne mette pas trop de temps à finir.
Par contre, le choix de la paille est plus important car elle permet de filtrer la boisson des petits bouts de feuilles de maté. Il y a des matières qui s’oxydent moins et des systèmes qui permettent de nettoyer la paille.
Infos pratiques sur Mendoza
Bus Bariloche-Mendoza
Nous avons pris la compagnie Andesmar pour faire le trajet, qui nous a coûté 1480 pesos par personne (soit 72 €).
Visite de la bodega Clos de Chacras
La visite a coûté 300 pesos par personne (environ 15 €), dégustation incluse.
Bilan ?
En amateurs de vin, on ne pouvait qu’être séduits par Mendoza, mais plus que la dégustation, c’est l’accueil aux petits oignons de David et de toute sa superbe famille, et ses explications sur le mode de vie des argentins que nous avons adorés.
ARGENTINA elle est tres belle
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Oui on confirme, l’Argentine est un de nos pays préférés en Amérique du Sud !
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