6 novembre 2017
En quittant Bonito et ses eaux cristallines, nous avons cherché un moyen de rejoindre Manaus pour faire une excursion en forêt amazonienne, le fameux poumon vert de la planète.
La forêt amazonienne est la plus grande forêt tropicale au monde, s’étalant sur 5.5 millions de km². Elle représente un tiers de l’Amérique du Sud et recoupe 9 pays. La majeure partie de la forêt (plus de 60%) est au Brésil . Une excursion de plusieurs jours était pour William un must-do de ce voyage autour du monde, Claire ayant déjà eu l’occasion de mettre les pieds en forêt amazonienne en Guyane française et en Équateur. Et quoi de mieux que Manaus, située en plein cœur de la forêt amazonienne pour réaliser ce rêve ?
Le seul problème pour nous les froggies était de rejoindre Manaus : les distances sont énormes au Brésil ! A partir de Bonito, nous avons pris un bus de 7h pour Campo Grande puis un bus de 20h pour Brasilia afin de pouvoir rallier Manaus par les airs. Nous avons mis presque deux jours de voyage pour arriver à destination !
1/ Manaus, métropole de la jungle
Manaus se situe en plein cœur de la forêt amazonienne, à 1940 km de Brasilia. La ville a été construite à la confluence du Rio Negro, provenant de Colombie, et du Rio Solimões, prenant sa source au Pérou. La réunion de ces deux fleuves donne naissance au fameux fleuve de l’Amazone. Le Rio Negro et le Rio Solimões n’ont pas exactement la même température de l’eau (29°C pour le Rio Negro et 21°C pour le Rio Solimões), ni la même vitesse et la même densité, ce qui fait qu’ils s’écoulent pendant plusieurs kilomètres sans se mélanger. Ce phénomène est parfaitement visible car les fleuves n’ont également pas la même couleur : le Rio Negro est noir, car charriant les eaux de la forêt amazonienne riches en humus, et le Rio Solimões est marron clair dû à l’érosion des Andes. La confluence est ainsi appelée « Encontro das aguas« , la rencontre des eaux.
Le fleuve Amazone est tout simplement démesuré : c’est de loin le plus grand fleuve de la planète, long de 7025km et drainant une surface de 6 millions de km², soit 40 % de l’Amérique du Sud. 18% de la quantité totale d’eau douce déversé dans les océans du monde provient de l’Amazone
Manaus est une ville étonnante. On s’était imaginé une ville de petite taille, reculée car isolée du reste du Brésil, et essentiellement faite en bois, avec des maisons sur pilotis. Mais cette vision était bien loin de la réalité ! Manaus est en fait un concentré de vie citadine au milieu de la jungle ! Avec presque 2 millions d’habitants, c’est une ville de taille conséquente, la plus grande de la région Amazone, et le principal port pour les bateaux arrivant de l’océan, à 1500km de là. C’est même la troisième ville la plus dynamique du pays après Rio de Janeiro et Sao Paulo. Dans le centre-ville, point de maisons en bois mais de jolies constructions coloniales dont le superbe palais Rio Negro, aujourd’hui Centre culturel.
Ce qui nous a le plus étonné est la présence à Manaus d’un théâtre, et pas des moindres : sur la jolie Place São Sebastião de style 1900 se trouve le Teatro Amazonas, important édifice construit dans les années 1890, à l’apogée de l’époque de la « Fièvre du Caoutchouc » lorsque les pays ayant des territoires amazoniens, comme le Brésil, faisaient fortune grâce à son extraction. Imaginez-vous : un théâtre en pleine forêt amazonienne ! Il a été construit selon l’architecture européenne et est de style Renaissance. La façade extérieure est rose saumon, ornée de colonnes et de statues blanches. Le bâtiment est surmonté par un dôme coloré et luminescent, recouvert de 36000 tuiles aux couleurs du drapeau brésilien. A l’intérieur, après avoir monté une volée de marches d’escalier en marbre blanc, on découvre la scène protégée par un lourd rideau rouge, faisant face à une salle avec balconnets d’une capacité de 700 personnes. L’ambiance est tamisée, les tons sont bordeaux et blanc sous une lumière dorée.
Certains soirs, des représentations sont organisées au théâtre allant de la musique locale à des grands classiques comme la Flûte Enchantée de Mozart. Lorsque nous y étions l’entrée était gratuite mais ce n’est peut-être pas toujours le cas. Nous avons ainsi assisté à un spectacle gratuit de musique locale, une sorte de fanfare-zouk, mais nous n’avons pas aimé la performance… Nous sommes partis avant la fin, comme d’autres touristes, alors que le groupe semblait avoir du succès avec le reste du public local
A ne pas louper également : le marché municipal de Manaus. Ce marché est une halle couverte construite dans le style Eiffel, avec de belles armatures en métal. Les habitants de la forêt viennent se ravitailler dans ce marché tout proche du Port flottant, c’est donc un lieu d’échanges bien animé !
Le Port flottant de Manaus a été construit pour s’adapter aux variations de niveau de l’eau inter-annuelles (saison sèche/saison des pluies) et intra-annuelles (crues/années de sécheresse) pouvant avoir une amplitude de plus d’une dizaine de mètres ! Un tableau noir à l’entrée du Port permet de consigner le niveau d’eau maximal atteint chaque année. Le plus haut niveau a été atteint en 2012
Tout près du théâtre, nous avons pu goûter une spécialité locale au stand da Gisela : le tacaca, spécialité des indiens d’Amazonie. Il s’agit d’une délicieuse soupe épicée à base de tucupi (manioc bouilli), de fécule de tapioca, de jambu (feuilles de la région, épicées et légèrement anesthésiantes sur la langue) et de crevettes séchées. La soupe est servie ultra-chaude dans une calebasse. Entre la chaleur de la soupe et de l’air ambiant, l’humidité de jungle voisine et les épices, coup de suée assuré !
Autre bonne adresse : la chaîne Skina do Suco pour ces supers jus réalisés avec les fruits de l’Amazonie ! On a pu goûter le jus de graviola (corossol) et de cupuaçú (fruit cousin du cacao dont le goût est similaire à la pulpe de cabosse). Pour accompagner ces jus, Skina do Suco proposent également de savoureux sandwichs !
2/ Excursion dans la forêt amazonienne
Dès notre arrivée à Manaus, nous avons cherché une agence pour une excursion dans la jungle. Notre choix s’est arrêté sur l’agence Iguana Tours qui est bien notée sur Tripadvisor et qui proposait des tarifs intéressants. Notre souhait étant de nous enfoncer dans la jungle pour voir la forêt amazonienne dans toute sa splendeur, Iguana tours nous a proposé un séjour en deux parties, qui aura lieu essentiellement sur le fleuve Juma, un affluent de l’Amazone:
- 2 jours en lodge, à 70km de Manaus
- 3 jours en tour privé avec un guide pour nous permettre d’aller plus loin en forêt
Nous partons donc au matin de Manaus pour la forêt, et plus précisément vers notre lodge Boca do Juma, situé à l’intersection entre le Rio Araça et le Rio Juma. Nous sommes arrivés au lodge peu avant midi, après avoir fait un bout de chemin en van, puis en bateau. Une première partie constituée de la cuisine, du réfectoire et de la plateforme d’accès à la rivière pour se baigner, était aménagée en construction flottante sur la rivière. La deuxième partie (les chambres, le dortoir et les sanitaires) était située une vingtaine de mètres plus haut sur la berge, accessible par des escaliers en bois.
Près du lodge, il est fréquent d’observer des dauphins gris qui passent furtivement. Mais bien souvent, on ne peut voir que le dos arrondi et la nageoire dorsale qui replonge dans l’eau
Première nuit, nous partons camper en groupe : nous sommes une dizaines de personnes venant d’un peu partout : brésiliens, argentins, allemands, danois et les frenchies ! Après une petite heure de barque, nous arrivons au campement, situé sous les couverts arborés en bord de rivière. Nous accrochons nos hamacs sous un abri aménagé avec un toit en feuilles de palmiers. Puis nous préparons le feu de camp, mais à 10 personnes, en quelques minutes le travail est fait ! On aimerait bien une petite bière fraîche sous cette chaleur étouffante…
Notre guide, Chilton, utilise des branches de bois bien droites, coupées en 3 ou 4 à une extrémité pour coincer le poulet. Puis resserre les pics à l’aide de fibres de bois prélevées derrière l’écorce d’un arbre appelé Matamata, dont il se serre comme ficelle. Pratique les ressources de la nature ! Notre repas sera simple mais bon : riz et poulet cuit au feu de bois.
Le lendemain, nous repartons pour le lodge après le petit déjeuner (café, œufs durs et biscottes). Nous nous arrêtons en chemin chez la belle-famille de Chilton qui habite sur la rivière. On découvre ainsi le mode de vie des locaux (à différencier des indiens qui vivent reclus dans la jungle) : le four utilisé pour cuire leur farine et leur pain de manioc, leurs plantations (bananes, ananas, avocats, cajou, goyaves, manioc…), leur artisanat… Pour les autres produits de première nécessité, ils disposent d’un petit magasin flottant à quelques minutes en bateau, ce qui permet de les « dépanner » et leur évite un long trajet pour Manaus.
On y découvre aussi un impressionnant crâne de caïman énooooorme !! Le spécimen mesurait 6 mètres de long. Rien à voir avec les mini-caïmans de 2 mètres ud l’on avait vu au Pantanal !
Une fois rentrés au lodge, après une rapide discussion avec Chilton, ce dernier accepte de partir en « tour privé » dès notre 2e jour, nous évitant ainsi une nuit en dortoir peu intéressante. Nous partons donc pour 4 jours/3 nuits en « survival tour » après le lunch : nous allons devoir trouver par nous même de quoi améliorer nos repas si nous voulons manger autre chose que du riz blanc midi et soir!
Mais contrairement à ce que nous espérions, nous ne nous éloignons pas beaucoup du lodge : notre premier site de camping se situe à moins de 2km de ce dernier. Peut-être est-ce dû à la saison sèche qui ne nous permet pas d’aller aussi loin qu’en saison des pluies (les bras de rivières sont à sec). Nous n’allons pas non plus nous enfoncer dans la forêt : le campement pour la nuit se fera (toujours) en bord de rivière, car se serait paraît-il trop dangereux en forêt à cause des serpents et autres animaux dangereux. En cas de pépin, hop, on saute dans le bateau pour revenir le plus rapidement possible à la civilisation
Tous les jours, nous allons d’un campement à l’autre à l’aide de la barque à moteur mais nous restons dans un périmètre très restreint. Une fois sur site, c’est toujours le même rituel : trouver une place pour tendre nos hamacs entre deux arbres, bien disposer la moustiquaire pour éviter les intrus indésirables (moustiques, guêpes, araignées…) et préparer le feu. Les saisons pour les moustiques sont inversées au Pantanal et en Amazonie : nous nous sommes fait dévorés au Pantanal mais en Amazonie à cette période, on était tranquilles : il n’y a pas de moustiques. En saison humide c’est l’inverse : moustique en Amazonie et pas au Pantanal ! Enfin « PAS » de moustiques est un bien grand mot. « PEU » de moustiques serait plus correct car il y en a quand même quelques uns qui trouvent le chemin pour leur sang favori : celui des gringos !
L’excursion « forêt » de 3 jours s’est avérée être d’avantage un tour « pêche et camping au bord de la rivière ». Hormis le premier soir où Chilton avait amené du poulet, nous avons dû pêcher pour le reste des repas !
Nous avons pu voir différentes techniques de pêche :
- Au filet, tendu en travers de la rivière. Une fois posé, on repassait en tapant la surface de l’eau du plat de la pagaie afin d’effrayer le poisson et de le précipiter dans les filets. C’était la technique la plus efficace, assurant la prise de plusieurs poissons.
- A la canne à pêche rustique pour le piranha : beaucoup plus difficile qu’au Pantanal, on a pas fait beaucoup de touches. Mais on a vu des pêcheurs qui arrivaient à attraper de beaux spécimens !
- A la lance : cette technique de pêche se pratique la nuit, à la frontale. Sur une barque très rustique et peu rassurante : on dépasse à peine de 2cm au dessus du niveau de l’eau et le moindre de nos mouvements fait pencher l’embarcation ! Mais avec on navigue doucement et silencieusement près de la rive, et à la moindre ombre de poisson : TCHAK, la lance est partie. Cette méthode de pêche est très technique, car elle demande d’être habile et rapide.
- La pêche miraculeuse : c’est la plus simple et la moins fatigante ! Les poissons sautent directement dans le bateau, attirés par le faisceau des lampes torches ! En vrai, on a eu un sacré coup de bol, deux poissons ont atterris dans la barque entre nos pieds. Même pas besoin de pêcher pour le repas de ce soir-là !
Avec toutes ces pêches, on a pu goûter différents poissons des rivières :
- Piraruçu : poisson tout en longueur, à la chair grasse et molle. Ses écailles sont énormes et bien ancrées dans la chair, et ses viscères sont énormes, ce qui rend sa préparation difficile ! Cf. vidéo en fin d’article, avec William le boucher de l’Amazonie…
- Piraputanga : poisson sauteur (celui qu’on avait vu à l’aquarium de Bonito). Ressemble au Piraracu dans la forme, mais la chair et bien plus ferme et goûtue !
- Piranha noir : ces piranhas ont une chair très dure, quasi comme de la viande. On a appris en Amazonie que les locaux détestent les piranhas parce qu’ils ont trop d’arêtes. Ils sont réservés aux touristes !! Quand on pense qu’on en a mangé pendant 4 jours au Pantanal…
- Peakcock bass : poisson très beau, avec une belle crête d’épines dorsales et des couleurs vives. Également très bon : sa chair est blanche et ferme comme celle du bar.
- Poisson Oscar : joli poisson avec une tâche orange ronde sur la queue, à la texture ferme et fondante.
- Cascudo (poisson nettoyeur) : poisson très rustique, à la peau cuirassée très dure. On le cuit en entier après l’avoir tué d’un grand coup sur la tête, ce qui n’est pas simple car la boîte crânienne est très solide.
La saison sèche est la bonne période pour pêcher car les poissons sont concentrés dans un plus faible volume d’eau. On était loin d’être mort de faim : on pêchait plus de poissons que ce qu’il était nécessaires pour nous rassasier ! A priori, c’est plus compliqué lors de la saison des pluies car la pêche est rendue difficile par la montée des eaux.
Les repas étaient simples : café, œufs durs et crackers pour le petit-déjeuner, poisson et riz pour le repas du midi et du soir avec pour seul accompagnement du sel ou de la sauce piquante. Pas de fruits, pas de légumes, même pas de citron. Mais bon, on était en survival tour !
La pêche nous occupait la majeure partie de notre temp. Nous avons tout de même pu nous balader dans la jungle amazonienne, ce qui nous a beaucoup plu car c’était ce que nous voulions voir !
La végétation est dense, et occupe tous les étages depuis la surface du sol jusqu’aux cimes à 10-20m au dessus de nos têtes. Par contre, la faune se fait rare ou plutôt peu visible comparé au Pantanal : on a pu entrapercevoir quelques singes tout en haut des arbres, cachés par la végétation, des grenouilles, des fourmis et de belles tarentules ! Chilton, qui connaissait leurs cachettes, s’amusait à les déloger pour nous les faire voir, et elles sont impressionnantes ! William en a attrapée une à la main et sur la photo la sueur qui perle de son front est sûrement autant due à la moiteur de la jungle que l’adrénaline d’attraper une pareille bestiole !
De manière générale, on voit peu d’animaux en Amazonie. Même sur la rivière, on observe peu de faune : quelques oiseaux qui pêchent, les perroquets qui volent au loin, de timides toucans… Les caïmans ne sont visibles que de nuit, avec leurs yeux qui brillent dans le faisceau des lampes torches. En journée, ils restent cachés…
Au passage, nous nous sommes fait une copine : une petite grenouille arboricole qui a pris William pour un arbre ! Elle ne voulait plus partir de ses épaules ! Entre frogs après tout…
Mais le trésor de l’Amazonie, c’est la richesse de sa végétation. Pendant nos balades en forêt, Chilton nous a montré de nombreux arbres aux vertus médicinales :
Le paracanauba : arbre à l’écorce très amère, permettant de soigner les problèmes de foie et de malaria.
Liane bengui : une fois coupée, elle sent le vic chinois !
Amapa : arbre caoutchoutier, utilisé autrefois pour la production de caoutchouc (mais de moins en moins avec la concurrence malaisienne produisant à plus bas coût) mais également pour le traitement de la tuberculose
Sova : la sève blanche et légèrement sucrée est un très bon remède en cas de diarrhée
Mais la forêt recèle encore d’autres trésors végétaux :
Le sapopema est un arbre souvent immense avec des pieds énormes, formant des pans de bois. On l’appelle aussi « Communication tree » en raison de la résonance du bruit créé lorsqu’on donne des coups sur ces pans.
Les fourmis tapia sont un bon substitut au spray anti-moustique ! Il suffit de mettre la main (si, si!) sur la fourmilière (une énorme boule striée de formes ondulées qui se trouve à quelques mètres du sol dans les arbres et qui ressemble à une agglomération d’écorces marron). Au bout de quelques secondes, les fourmis s’échappent par milliers et grimpent sur nous (attention elles mordent!) Puis il nous suffit de toutes les écraser en frottant la main sur le bras. L’odeur qu’elles dégagent repousse les moustiques ! Les plus grandes fourmilières peuvent abriter des millions d’individus !
Le babaçu est un palmier dont les feuilles sont utilisées pour réaliser des tressages. Dans ses fruits, on trouve souvent une petite larve blanche qui a un goût de coco sous la dent. À déguster cru bien entendu : c’est gluant mais appétissant… Hakuna Matata-style !! William a testé et approuvé !
La fameuse Noix du Brésil (castana do brasil) pousse en forêt : les fruits sont constitués d’une grosse cabosse dans lesquels sont nichées une dizaine de noix fraîches.
L’açai : baie provenant d’un palmier, très prisée au Brésil pour ces vertus nutritives (riche en anti-oxydants, vitamines et minéraux). On en trouve partout au Brésil en sorbet ou coulis.
L’Ambe est une liane appelée aussi « Jungle cigarette » car il est possible de la fumer après avoir sectionné et séché un tronçon de liane !
Un soir en attendant que le poisson cuise, Chilton nous a montré comment faire des bracelets à l’aide de l’écorce d’un arbre, appelé Invira. Derrière une lanière d’écorce arrachée, on prélève un long filament dans la fibre de bois fraîche, qu’on torsade au maximum autour d’un orteil. Puis on la plie en deux, la fibre s’enroule d’elle-même et on continue pour finir de serrer la torsade. Après, il n’y a plus qu’à tresser puis attacher au poignet !
Ce qui était le plus dur pendant ce séjour en « Survival tour », c’était l’absence de douche alors qu’il faisait chaud et lourd et qu’on manipulait tous les jours du poisson. En forêt, lors de nos balades, il faisait très chaud et humide, et le vent n’arrive pas à passer dans la végétation. On est ressortis trempés de la tête aux pieds ! Nous avons bien pu nous baigner dans la rivière mais les eaux sont troubles et chargées de particules en suspension et le fond est vaseux, ce qui ne permet pas de se sentir très propre…
Bon on avoue avoir triché pendant ce survival tour… Lors d’un trajet en barque, nous nous sommes arrêtés dans un lodge, au départ pour prendre de la peau de poulet pour pêcher, mais au final on s’est retrouvé les fesses dans une eau profonde (sans fond vaseux!), à siroter une bière fraîche tout en se baignant ! On a même ramené une glacière avec quelques canettes de bières pour le camping du soir. Les survival tours comme ça, nous ça nous va !
Nous sommes rentrés au lodge après 4 jours d’excursion et bien sûr, la première chose que nous avons fait c’est de sauter dans la douche ! La deuxième a été de s’ouvrir une canette de bière fraîche en attendant le repas du midi.
Nous sommes repartis pour Manaus en début d’après-midi.
3/ La visite sur le fleuve Rio Negro
Le lendemain de notre excursion en forêt, nous sommes repartis pour un 1 Day Tour afin de visiter les environs de Manaus en bateau. En voyant notre groupe, constitué de personnes âgées, de familles et de nanas manucurées, on s’est dit qu’on risquait d’avoir un choc par rapport à l’expérience vécue en forêt !
Nous prenons un bateau à partir du Port flottant de Manaus. Notre première escale est une ferme de pirarucu. C’est un des poissons qu’on avait pêché quelques jours plus tôt, mais cette fois-ci en taille XXL ! Les poissons dans les bassins atteignent plus de 2m ! On ne sait pas trop si les poissons ont été reproduits en captivité ou seulement prélevés dans le milieu naturel puis grossis en bassins. Les touristes s’amusaient à « pêcher » ces gros bestiaux avec un poisson attaché au bout d’une corde par un nœud. Les pirarucus sont peut-être énormes, mais tout de même rapides lorsqu’il s’agit d’arracher un poisson d’un coup de mâchoires aux mains de touristes, souvent dans un tumulte de cris
Nous nous sommes rendus ensuite à 35km à l’Ouest de Manaus, sur le Rio Negro, afin de voir les dauphins roses d’Amazonie. Sur une embarcation flottante, un petit espace est prévu dans l’eau pour avoir pied. C’est là que l’animateur attire les dauphins avec des poissons pour faire son show. En petits groupes d’une dizaine de personnes, nous descendons dans l’eau, gilet de sauvetage attaché à la taille obligatoire. On se fait shooter dans les jambes et bousculer : les dauphins sont là mais on ne les voit pas en raison de l’eau trouble. A tel point que des fois on est quasiment à califourchon sur un dauphin ! L’animateur agite un poisson à la surface de l’eau pour attirer un dauphin. Un petit bec rose rempli de dents noires apparaît. L’animateur relève le poisson dans les airs et là, jaillit sous nos yeux un gros dauphin rose et… sacrément moche !
Rien à voir avec ses cousins des mers, aux courbes profilées et harmonieuses, le dauphin rose de l’Amazonie est tout gros et boursouflé avec de tous petits yeux gris tapis dans sa face bouffie. Il a des petits bourrelets et sa peau est douce et un peu molle au toucher, comme un bras ou une cuisse d’un humain. La couleur de sa robe est rose pâle avec certaines zones gris clair. On a un peu l’impression d’être face à un macchabée qui aurait passé trop de temps dans l’eau : bouffi et décoloré. Mais c’est assez drôle à voir ! Les touristes sont en extase et crient dès qu’un dauphin apparaît. Il y en a même qui voudraient en prendre dans leurs bras…
Notre troisième et dernier arrêt se fait au sein d’un village de tribu d’Amazonie. Le indiens qui nous accueillent nous montrent leur mode de vie. Hommes et femmes sont torses-nus. Les femmes portent une jupe en tissu et les hommes un pagne accompagné de quelques feuilles. Tous sont mis en valeur par des peintures corporelles et de nombreux bijoux faits de graines, coquillages et autres matières naturelles. Ils nous montrent quelques uns des instruments typiques et les danses associées. Malheureusement, nous ne comprenons pas grand chose puisque c’est en portugais…
Nous avons par contre l’occasion de goûter à leurs termites séchées : ça se mange comme des chips !
Infos pratiques
Se rendre en avion à Manaus est très cher mais fait gagner un temps inestimable : le vol Brasilia/Manaus était de 600 reals par personne (soit environ 160€) et celui de Manaus/Salvador était de 840 reals par personne, soit 220 €. On avait entendu dire qu’un aller-retour Rio de Janeiro/Manaus coûtait environ 500 €, ce qui est un peu plus cher que notre itinéraire.
L’excursion de 2 jours au lodge + 3 jours en forêt, ainsi que le tour à la journée sur le Rio Negro nous a coûté 1100 reals par personne, soit 290€ pour 6 jours.
Notre guide Chilton a été super ! Il nous a montré et appris plein de choses, et on ressent qu’il adore le camping dans la nature. Il est possible de passer directement par lui plutôt que par une agence pour un prix de 250 reals la journée en guidage privé. Voici ses coordonnés :
Chilton NORMAN : +55 092 992551987 / chilton.norman@gmail.com
Bilan
Ce que nous avons préféré pendant cette expérience dans la jungle, c’était les balades en forêt. Cependant, nous avons regretté ne pas être allé plus profondément dans la jungle comme nous l’avions souhaité au départ, afin de pouvoir voir la forêt dans toute sa splendeur, au plus loin possible des activités humaines.
Au final, l’Amazonie et bien différente du Pantanal : la végétation y est plus luxuriante et les animaux plus difficiles à déceler.
Comme on s’y attendait, le tour sur le Rio Negro était très touristique, et peut-être trop en décalage avec notre expérience en « survival tour ». L’expérience avec les dauphins roses était surprenante même si on n’aime pas le fait de nourrir des animaux sauvages pour les montrer plus facilement aux humains.
mon article favori (pour l’instant), surtout la pêche, très drôle de voir que vous avez pêché/mangé des gros plecos !!! merci de partager ces expériences !
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Et oui nos pauvres poissons d’aquarium exotiques (version big) ont fini dans nos estomacs !
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