(J+67) Bolivie – Les Missions Jésuites de Chiquitania

Les missions jésuites de la Chiquitania occupent une surface de 220 000km², soit la moitié du département de Santa Cruz, ce qui représente 20% du territoire bolivien ! Les jésuites s’y sont installés entre le 17e et le 18e siècle, avec pour mission d’évangéliser les nombreux groupes éthniques nomades de la région.

21 octobre 2017

Les Missions Jésuites ? Mais qu’est-ce donc ? On nous a dit que c’était sympa, et vu que c’était sur notre route pour rejoindre le Brésil, on a décidé d’y jeter un coup d’œil…

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Sur la route pour les Missions Jésuites…

En quittant Torotoro, nous avons dû retourner à Cochabamba pour trouver un moyen de transport jusqu’à Samaipata, à l’Ouest de Santa Cruz de la Sierra. Le trajet a été plus long que prévu : au lieu des 8h de bus prévues, ce qui a aurait déjà été long pour un trajet en journée, on a eu une « petite rallonge » de 3h… Départ 7h, arrivée 18h, on aura passé la journée dans le bus !

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Mais arrivés à Samaipata, on se détend : avec 4500 habitant, la ville est tranquille, il y a des perruches qui piaillent dans les arbres, des bars et restaurants sympas, et même un café avec du wifi ! Youhouuuu !

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À Samaipata, il y a plein d’activités à faire entre le Parc national d’Amboró, les ruines del Fuerte, la balade de las Cuevas avec ses trois cascades… Mais nous n’avons rien fait de tout ça ! Contrairement à Torotoro où le système de constitution des groupes est bien rodé, à Samaïpata il faut créer son groupe avant d’aller voir l’agence, ou payer plein pot ! On a vu d’autres touristes faire le tour des gens « hey, ça vous dit de faire un tour avec nous? » pour ainsi diviser les coûts (un peu chers) du tour opérateur. On avoue avoir eu la flemme de monter un groupe, Claire étant un peu malade et la blessure de William n’étant pas encore tout à fait guérie (cf. sauvetage de poulain à Maragua). Résultat : nous avons juste flâné dans ce village baba-cool en faisant le tour des excellents restaurants de la place centrale et pris le temps de se reposer avant de repartir pour Santa Cruz de la Sierra.

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Nous ne nous sommes pas arrêtés non plus dans cette dernière ville ( qui est énorme, avec 1.8 millions d’habitants !), où nous n’avons passé qu’une après-midi à la gare pour cause de déluge ! Nous sommes repartis le soir même pour San José de Chiquito, première mission jésuite du circuit, à 4h30 de route depuis Santa Cruz.

C’est parti pour une Mission missions !

Arrivés là-bas, on change radicalement de décor : le climat et la végétation se tropicalise et nous voyons de plus en plus de palmiers, manguiers, papayers, bananiers, etc. La forêt se densifie et l’air se charge de plus en plus en humidité : on a chaud sous cette moiteur !

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Les missions jésuites de la Chiquitania occupent une surface de 220 000km², soit la moitié du département de Santa Cruz, ce qui représente 20% du territoire bolivien ! Les jésuites s’y sont installés entre le 17e et le 18e siècle, avec pour mission d’évangéliser les nombreux groupes éthniques nomades de la région. Les établissements construits par les jésuites portent le nom de « mission » ou « réduction » en raison de l’objectif de sédentariser ces populations indigènes et de les regrouper dans des campements à proximité de la mission jésuite. Ces populations étaient distinctes les unes des autres, ne parlant pas la même langue. Avec l’instruction, les indigènes échappaient ainsi à une vie de misère, et notamment au travail dans la mine de Potosí. D’après les témoignages, la mission a réussi à devenir une véritable collaboration communautaire. Les indigènes n’étaient pas esclaves et ont au contraire énormément contribué au développement de la mission. Comme nous l’a dit le responsable de l’entretien de la mission de San José : « Les jésuites étaient la tête et les populations locales les bras. »

Aujourd’hui, sur les dix missions jésuites de la Chiquitania, six sont classées Patrimoine mondial de l’Humanité UNESCO depuis 1990 : San José de Chiquitos, San Rafael, San Miguel, Santa Anna, Concepción et San Javier. Ce classement leur a été attribué car elles ont su garder leur authenticité : la culture Chiquitana combine aujourd’hui les croyances et traditions indigènes avec l’héritage des missions jésuites (formation religieuse, musicale et artistique).

Le circuit pour parcourir ces six missions est d’environ 500km, sans bus réguliers. Il faut donc avoir du temps devant soi ! Il est également possible de passer par une agence, moyennant 450$ pour 4 jours, ce que nous n’étions pas prêts à mettre ! Nous avons donc décidé de nous débrouiller pour nous-mêmes et de ne visiter que trois missions : San José, San Raphael et San Miguel.

Situé sur un axe principal, à 270 km à l’Est de Santa Cruz, San José de Chiquitos est le village le plus « dynamique », avec 9500 habitants. Pour les quelques touristes venant s’aventurer jusque là, c’est à San José qu’il y a le plus de choses à faire et à voir : visite du complexe de la mission, du parc national Santa Cruz de la Vieja avec les vestiges de l’ancien emplacement de Santa Cruz, balade jusqu’au mirador… Il y a également de nombreux hôtels et restaurants.

 

La mission jésuite de San José a été fondée en 1697. Le complexe de la mission date de 1735 et comporte quatre blocs, visibles sur une même façade : la chapelle mortuaire, le temple, la tour et la maison des missionnaires (aujourd’hui transformé en musée). Il a été construit avec la participation de 5000 indigènes. Le temple est le seul de la région qui a été construit en pierre (les autres sont en bois), a priori en raison de l’absence de grands troncs d’arbres, comme pour les autres missions.

 

Le musée (ancienne maison des missionnaires) abrite des peintures murales restaurées représentant notamment le Roi et sa cour, des scènes militaires et un plan urbain de San José. On ne sait pas trop si les peintures d’origines ont été produites par un peintre amateur ou si la restauration a été loupée mais quoiqu’il en soit le résultat prête à sourire : oiseaux aux ailes difformes, dessins asymétriques, visages au style enfantin… parfois sur la même scène, le style de dessin des visages est différent !

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Arrivés un jeudi soir très tard, nous n’avons pu partir pour notre seconde mission, San Rafael de Velasco, que le samedi car les truffis (mini-vans) ne partaient que le matin vers 09h00-09h30. NDLR : Il ne faut jamais être pressés en Bolivie, les horaires sont très approximatifs et les départs sont souvent en retard sur l’horaire.

Samedi matin donc, nous prenons la direction de San Rafael, à 130km de San José. La piste de terre rouge traverse une campagne à la végétation abondante, où les arbres s’entremêlent avec des lianes et où le couvert feuillu est continu. De temps en temps, dans une clairière, des vaches difformes comme en Inde, avec une grosse bosse sur le haut du dos et de la peau qui pendouille sous le cou, paissent tranquillement.

En arrivant, au bout de 2h de route, on nous dit qu’on tombe le bon jour : c’est la fête au village !

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En effet, pendant trois jours, c’est la « Feria ganadera » de San Raphael : la fête des éleveurs de vaches et de chevaux ! On a ainsi la chance de pouvoir admirer le défilé à cheval des différentes propriétés sur la place principale. Certains cavaliers font des démonstrations de prouesse avec les pas qu’ils font faire à leurs chevaux : marche en crabe, pas sautillés, cabrioles… Hommes et femmes ont tous l’air de cow-boys avec leurs grands chapeaux, leurs lassos et leur fouets que certains font claquer sur le sol.

 

Ne sachant pas trop quoi faire (le village est tout petit – 2100 habitants – et la mission n’ouvre qu’à 14h30 l’après-midi), on décide de suivre le mouvement avec nos gros sacs à dos. Grand bien nous a pris, on arrive au coeur de la fête, sur un grand espace en plein air aménagé avec une scène où joue un groupe de musique punchy, une canette de bière géante gonflable, des grandes tablées sous chapiteaux et un stand de grillade où est en train de rôtir à la broche une carcasse de vache « indienne ». On se renseigne sur le coût d’une barquette de grillade, mais on nous répond à notre grande surprise, qu’on a pas à payer, c’est gratuit pour la fête ! Et bien on a bien fait de venir !

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On s’attable donc avec les cow-boys, avec une bonne bière bien fraîche, salutaire sous cette chaleur écrasante. Les propriétés d’éleveurs se regroupent en tablées et se distinguent par leurs chemises : on se retrouve à la table de vert-criards, non loin des chemises rouges et des blanches avec une flamme brodée. La fête est très familiale : les parents ont amené leurs enfants, vêtus avec le code vestimentaire de la propriété. La musique bat son plein, les gens rigolent, ou esquissent quelques pas de danse.

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Vers 14h30, on quitte les lieux aussi discrètement que l’on peut avec nos gros sacs a dos pour aller visiter la mission, sur la place principale. C’est la seconde mission de la Chiquitania mise en place, fondée en 1696. La façade est joliment décorée avec des arabesques de peinture minérale, protégée par un grand au-vent de bois. À l’intérieur, le toit est soutenu par d’immenses piliers en bois, sculptés en torsade.

 

Aussi jolie soit-elle, la mission se visite rapidement. En 30min, nous avions fait le tour sans se presser, voire même en traînant un peu. Tant est si bien qu’on s’est retrouvés 2h en avance au marché où on a attendu notre truffis de 17h30 pour San Miguel de Chiquitano… Jeux de cartes, de dés et sieste nous ont permis de patienter un peu dans la chaleur moite de l’après-midi.

Heureusement, le trajet pour San Miguel de Velasco n’était pas long : seulement 45min (40km). Nous arrivons dans ce village de 4500 habitants à la tombée de la nuit et trouvons rapidement un logement prés de la place principale : Alojamiento Middagh, géré par une dame très sympathique. Lors de cette première soirée à San Miguel, où deux personnes nous disent que le village est « muy tranquillo » et que les gens aussi sont « muy tranquillos« , on comprend que nous aussi on va devoir être « muy tranquillos« … ! Sur Maps.me, rien d’indiqué à part la place principale et la mission. Alors après une petite balade dans le village, et un repas dans le boui-boui du coin, on rentre à l’hôtel à 20h ! Demain c’est la grasse mat’ du dimanche !

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Notre bus pour revenir à San José n’étant que à 19h30, on a eu tout le temps pour visiter la mission (qui n’ouvre d’ailleurs qu’à 15h l’après-midi). Parce que pour le reste, il n’y a pas grand chose à faire à San Miguel. Pas de marché, pas de bar, pas de café, pas de wifi… Tranquillo, tranquillo !

 

La mission de San Miguel a été fondée 1721 par les chiquitanos et une partie de la population de la mission de San Rafael, qui avait pratiquement disparue à cette époque en raison d’un incendie. Le temple de San Miguel est superbe, avec ses piliers en bois torsadés et son plafond peint. Mais de nouveau la visite est rapide !

 

 

On a repris le soir-même un bus pour San José de Chiquitanos.

Infos pratiques :

Les logements dans la région de Chiquitania ne sont pas très chers : nous avons payé 80 bolivianos la nuit à San José pour une chambre avec salle de bain privée et clim ! (=10€) et 60 bolivianos à San Miguel (=7,5€)

Le truffis San José – San Raphaël a coûté 50 bolivianos par personne (=6,2€)

Le truffis San Raphaël – San Miguel a coûté 12 bolivianos par personne (=1,5€)

Le bus San Miguel – San José a coûté 40 bolivianos par personne (=5€)

La visite du complexe de la mission de San José coûte 20 bolivianos par personne. (=2,5€) Les autres missions sont gratuites.

Les Missions Jésuites marquent la fin de notre deuxième pays la Bolivie, il est temps pour nous de nous diriger vers le Brésil et d’ouvrir un nouveau chapitre de notre Carnet de Voyage !

10 commentaires sur « (J+67) Bolivie – Les Missions Jésuites de Chiquitania »

  1. Coucou les frogs! est-ce que vous avez vu des cultures de quinoa en Bolivie ? il parait que c’est une spécialité locale et qu’ils sont les meilleurs au monde? Bisous et bonne route vers le Brésil!

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    1. Coucou Véro ! On a pas vu de cultures, je crois que c’est pas la saison. Par contre on a mangé des soupes au quinoa. Trop bon ! Bisous à toi aussi 😊

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  2. Ah, ça y est, je vous ai rattrapée dans votre parcours… Certaines formations géologiques (canyon) m’ont fait penser aux USA (Grands Canyons). Mais sans trace de dinausaure, là bas. Par contre j’ai appris récemment qu’il y en a pas très loin de chez moi: rdv, à votre retour!… Les paysages sont splendides.
    Le passage dans la mine d’argent était courageux!
    J’espère que William va mieux maintenant.
    Merci pour vos partages.
    Bises et tout de bon
    Hélène

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    1. Coucou Hélène ! J’ai su aussi qu’il y avait des traces de dinosaures dans le Jura, je note également Bordeaux ! Ça sera marrant de comparer… Oui, William va mieux, sa blessure est maintenant quasiment guérie ! Il vaut mieux car on est désormais en Amazonie, où il fait chaud et moite ! Merci de t’en soucier 😊
      Gros bisous à toi !

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      1. Bonjour à tous deux.
        En fait près d’Angoulême a été retrouvé un squelette entier et à Jonzac (20 mn de chez moi) il y a un site ou les dinausores passaient.
        Effectivement, prudence pour la blessure.
        Prenez soins de vous, bises
        Hélène

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  3. les vaches blanches avec une bosse : cela ne s’appelle pas un zébu?
    les constructions en bois des missions sont magnifiques
    Biz

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